Archives

Rencontre avec un auteur : Rachel Corenblit

Par CLAIRE RIBBES-BARLET, publié le mardi 2 février 2016 22:27 - Mis à jour le mardi 2 février 2016 22:27

Au sujet de La philosophie à la petite semaine…

Beaucoup d'élèves ont dévoré cet ouvrage qui leur a semblé facile à lire. Pour Rachel il s'agit d'un "livre –oignon" c'est-a-dire qu'il est fait pour y revenir. Il y a plusieurs lectures possibles et en premier lieu la lecture du texte et des illustrations de Cécile Bonbon avec laquelle Rachel travaille en étroite collaboration. Rachel nous invite à regarder très attentivement les nombreux détails des illustrations et le sur-texte qui nous invitent à raconter d'autres histoires. Rachel nous livre un secret de fabrication : l'un des textes inséré dans les illustrations est une dictée qu'elle a fait faire à son fils ! Autre indiscrétion : en fin d'année sortira La géographie à la petite semaine !

C'est certain : il va venir compléter le fonds du CDI et prendre place à côté de la philosophie et des mathématiques…

Voici des morceaux choisis de notre rencontre…

"Vous arrive-t-il parfois de ne plus avoir d'inspiration ?"

"Oh non … J'ai en toujours et parfois même un peu trop ! J'ai trop d'idées. Je dois écrémer mes idées. C'est comme si je traînais un champ de pommes de terre. Chaque patate est une idée. Elles sont sous terre et elles grossissent lentement."

D’où vous viennent toutes ces idées ?

Elles viennent d'un peu partout. La dernière a surgi alors que je regardais une émission de télé un peu bête !

Quel conseil donneriez-vous à quelqu'un qui voudrait écrire ?

Je vous conseille de vous ennuyer pour avoir de l'inspiration. Car dans le monde actuel on est toujours happé par les occupations. Et ne rien avoir à faire fait jaillir l'inspiration. C'est lorsque le cerveau est passif que les idées surgissent. Et il faut aussi se nourrir de tout, ne pas avoir de barrière, être sensible à tout, à toutes les personnes que l'on rencontre.

Quand vous est venue l'envie d'écrire ?

Elle est venue très jeune lorsque j'étais en primaire. Mais j'ai toujours eu besoin d'écrire, c'est une nécessité. J'ai deux grands souvenirs de cette époque. Tout d'abord lorsque j'étais en CM2 Je vivais dans l'arrière pays niçois et en fin d'année nous allions toujours au festival du Cirque de Monaco. C'était la grande sortie de l'année. Et cette année là j'ai été malade le jour de la sortie. Je n'ai donc pas été au cirque; Suite à cette journée les professeurs ont organisé un concours d'écriture : il fallait raconter le plus beau moment de la journée… C'est moi qui ai gagné le concours. Je me souviens du prix : c'était l'album de Tintin et les oranges bleues. Maintenant je me demande si les professeurs ne m'ont pas offert ce premier prix parce que j'avais été malade… Mais en tous cas à l'époque cela m'a beaucoup touché. Et ca me touche encore puisque je vous en parle !

En sixième j'ai écris la suite du Club des Cinq et je l'ai fait lire à mon professeur de lettres. Il m'a félicité et m'a dit que je devais continuer à écrire. Cette remarque aussi a été très importante pour moi.

Et puis j'ai toujours tenu un journal intime… mais moi je le laissais traîner pour qu'il soit lu !

Où et quand écrivez-vous ? Avez-vous des habitudes d'écriture ?

Ce matin par exemple avant de venir vous rencontrer j'ai écris de 10h à midi. J'étais dans une bulle. Je ne me suis rendu compte de rien. J'écris dès que j'ai du temps devant moi. Surtout pendant les vacances car ensuite je dois véritablement m'arracher à mon travail pour reprendre une vie "normale". L'écriture pour moi c'est du silence, je deviens un ours quand j'écris. L'un de mes fils trouve que mes livres sont des "voleurs de maman".

Il n'y a pas une seule façon d'écrire. J'ai rencontré Yaël Hassan qui elle écrit plusieurs livres à la fois. Philippe Guéraud lui écrit à la terrasse d'un café… Moi je suis enfermée dans mon bureau, avec une tasse de thé et mon ordinateur. Ecrire est ce qu'il y a de plus dur et de plus facile. C'est un combat, une frustration. Sur quinze page écrites je ne vais en garder que cinq. J'écris à l'ordinateur et j'efface sans regret.

Je me fais une playlist en fonction du livre que j'écris. Cela donne une couleur à mon livre, un rythme. L'écriture c'est de la musique, la ponctuation dans ce sens est très importante.

Quand vous commencez à écrire savez vous ce qui va se passer ?

Je vois ce que je vais raconter. Je sais qui seront les personnages, quelle sera leur vie. Mais je ne sais pas comment cela se terminera. A ce sujet il m'est arrivé quelque chose de troublant. Lorsque j'écrivais le rire des baleines je voulais faire mourir un personnage. Après le déluge lorsque les jeunes sont sur le toit de leur maison et cherchent à passer sur celle des voisins était le moment idéal pour passer à l'acte. Mais ce fut impossible. C'était comme si je n'avais plus contrôlé le personnage et je n'ai pas pu le faire tomber. Je n'ai pas pu.

Comment savoir que la fin de l'histoire arrive ?

Je le sens, je me fais confiance. Tu es un peu magicien…

Faites vous lire votre manuscrit avant de l'envoyer à votre éditeur ?

Personne ne peut lire tant que je n'ai pas fini. Ensuite je le fais lire à mon mari car son regard est impitoyable. C'est un filtre pour moi. Puis je le passe à un ami dont le regard est plus neutre et surtout moins dans l'affectif

Aimez vous rencontrer vos lecteurs ?

Bien entendu ! J'en ai besoin; j'aime parler de ce que j'écris. C'est grâce à ces moments-là que je deviens réellement auteur.


 

Voici la fin d'une rencontre bien trop brève mais riche en apprentissage.